Équipe Amaury FRANÇOIS

Lorsque nous sentons une odeur nauséabonde, que nous voyons quelque chose d’horrible ou que nous entendons une musique épouvantable, nous avons des réactions intenses à ces expériences sensorielles et nous sommes directement motivés pour agir en réaction à ces stimuli. Ces formes d’expérience perceptive affective relient l’expérience, l’émotion et le jugement évaluatif. De même, les expériences tactiles semblent souvent avoir un caractère agréable ou désagréable. Les expériences menées par Harlow à la fin des années 1950 ont mis en évidence le fait que le toucher ne contribue pas seulement à l’enregistrement perceptif de l’information tactile (appelé « toucher discriminatif »), mais qu’il véhicule une valence affective et motivationnelle.

La perception et la discrimination tactiles ont fait l’objet de nombreuses études, par exemple à travers le prisme de l’exploration de l’intégration des information portés par les vibrisses chez le rongeur. Ces travaux ont grandement amélioré notre compréhension de l’aspect discriminatif du toucher et de la façon dont la qualité d’un stimulus tactile peut être associée à d’autres processus sensoriels pour aider à créer un comportement orienté vers un but. Par exemple, les moustaches d’un rongeur permettent un contrôle précis de la locomotion pendant la navigation tactile, aident à la localisation des objets, à la détection de l’orientation, à la discrimination des textures et des formes.

En comparaison, on sait peu de choses sur le processus neuronal qui permet au reste du corps d’intégrer les informations tactiles, en particulier par l’intermédiaire de la peau. La peau et les moustaches ne sont pas les mêmes organes et ne partagent donc probablement pas la même fonction physiologique. Par exemple, il a été proposé que la peau soit un organe social, véhiculant bien plus qu’une simple information discriminative. Cela suggère que les informations provenant des récepteurs cutanés ne sont pas intégrées de la même manière dans le système nerveux central (SNC). Il est surprenant de constater que ce processus est largement sous-étudié et que les mécanismes et circuits neuronaux responsables de l’attribution d’une valeur émotionnelle aux stimuli tactiles sont pratiquement inconnus.

L’objectif global de notre projet de recherche est d’essayer de mieux comprendre ces mécanismes et d’identifier les réseaux neuronaux impliqués dans le toucher affectif et social. Il permettra de comprendre comment les voies somatosensorielles et les circuits de la récompense interagissent pour créer un comportement social orienté. Nous nous intéressons également aux pathologies qui peuvent être associées à une mauvaise intégration du toucher affectif, comme les troubles du spectre autistique et la dépression et l’anxiété associées aux douleurs chroniques.

Pour atteindre nos objectifs, le laboratoire utilise des approches multiples et variés, allant de la génétique de la souris, de l’imagerie calcique et de l’électrophysiologie in vitro, ex vivo et in vivo, à la biologie moléculaire et à l’analyse comportementale basée sur l’apprentissage automatique.

Cette équipe est soutenue par le programme Impulscience de la Fondation Bettencourt Schueller et l’agence national de la recherche.