Le transfert du microbiote fécal de souris modèles de maladie d’Alzheimer élevées en animalerie conventionnelle affecte la cognition des souris receveuses, un effet qui disparaît si l’élevage est réalisé en animalerie de statut contrôlé.
Le microbiote intestinal, communauté de microorganismes qui colonisent nos intestins, joue un rôle majeur sur notre santé. En influençant l’axe de communication intestin-cerveau ces microbes régulent notamment le fonctionnement du cerveau et notre mémoire. Une altération du microbiote intestinal, appelée dysbiose, a été observée dans des modèles précliniques de la maladie d’Alzheimer et chez des patients. La manipulation de la composition du microbiote intestinal peut améliorer ou retarder la neuropathologie et les déficits cognitifs dans les modèles murins. Le statut sanitaire de l’animalerie peut fortement influencer ces résultats.
Dans cette étude, Caroline Ismeurt-Walmsley, doctorante sous la direction de Sylvie Claeysen dans l’équipe « Neuroprotéomique et signalisation des pathologies cérébrales » animée par Philippe Marin a analysé de façon longitudinale la composition du microbiote fécal et la pathologie amyloïde de souris modèles de la maladie d’Alzheimer hébergées dans une installation de statut sanitaire très contrôlé (exempte de pathogènes opportunistes spécifiques – SOPF) et dans une installation conventionnelle. Comme attendu, les conditions d’hébergement des animaux affectent la composition de leur microbiote intestinal. Le microbiote intestinal de souris modèles d’Alzheimer âgées de 6 mois et élevées de manière conventionnelle est altéré et son transfert à des souris saines affecte leur cognition. La dysbiose du microbiote intestinal est absente chez les souris modèles d’Alzheimer hébergées en animalerie SOPF et le transfert de leur microbiote fécal n’a pas d’effet sur la cognition des animaux receveurs.
Ces résultats montrent le fort impact des conditions d’hébergement sur les phénotypes associés au microbiote et remettent en question la pertinence de l’élevage de modèles précliniques dans des installations exemptes de pathogènes spécifiques.
Cette étude est le fruit d’une collaboration entre l’IGF de Montpellier, l’INP à Marseille (équipe « Plasticité et Dégénérescence Neurales » animée par Santiago Rivera) et la société VAIOMER à Labège. Cette recherche a bénéficié du soutien du Programme Transversal Microbiote de l’Inserm, de la Région Occitanie, du Fonds européen de développement régional (FEDER) et de l’ANR (projets MAD5 et DENTALCOG).
Cette étude vient d’être publiée dans le journal mBio.

Résumé de l’étude. (1) La diversité microbienne de l’environnement influence le développement de la composition du microbiote intestinal. (2) L’effet de la transplantation de microbiote fécal de souris modèles de maladie d’Alzheimer, âgées de 6 mois, sur la cognition des souris receveuses dépend de l’environnement et du microbiote des souris donneuses. (3) Le microbiote intestinal a un impact sur la pathologie amyloïde chez les souris modèles de maladie d’Alzheimer. SOPF : Specific and Opportunistic Pathogen-Free (sans pathogènes spécifiques et opportunistes).